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lundi 29 2020

La frégate Shtandart à Calais.




                                                        La frégate Shtandart à Calais.


  
Le Sthandart est entré avec ses voiles déployées au port de Calais.
Si la Covid-19 n’a pas chamboulé les marées, la crise sanitaire a tout de même bouleversé le programme de navigation du navire russe. Bloquée en Méditerranée au début de la crise sanitaire, la frégate est venue s’offrir quelques jours d’escale à Calais. Le hasard fait qu’elle dépose l’ancre aux dates initialement prévues de sa venue pour la fête maritime Escale à Calais dont elle devait être la figure de proue.
Parti de La Rochelle, il y a une semaine, le Shtandart a pointé le bout de sa proue aux alentours 16h20 au cap Blanc-Nez. Impossible de le rater avec sa coque bombée jaune et son drapeau russe qui flotte en poupe. Le navire a fait une arrivée spectaculaire à l’intérieur du port de Calais avec ses voiles au vent.

De quoi faire pâlir les ferries à quai. Les voiliers des Amis de la Mer de Calais et de la Fédération Régionale pour la Culture et le Patrimoine Maritimes (FRCPM) l’ont accueilli en mer.
Matelots volontaires.

A bord, un équipage de 23 personnes. Cinq à six membres permanents, de nationalité russe, le reste sont des volontaires qui viennent des quatre coins du monde. Tous les matins, à 8 heures pétantes, c’est réveil au son de la cloche, rendez-vous sur le pont et levée de drapeau. Jérémie est l’un des bénévoles à bord. A 33 ans, il est gabier volontaire, un matelot chargé de l’entretien et de la manœuvre de la voilure, et informaticien de profession . « Des répliques de bateaux du XVIII e siècle en bois sont très rares. Le Shtandart est connu. Quand il a fait escale à La Rochelle, j’ai sauté sur le pont et j’ai embarqué. » Ce qu’il apprécie particulièrement à bord, c’est la polyvalence et l’esprit d’équipe. « A bord, on doit tout savoir faire. On fait vraiment partie du navire.» , enchaîne le jeune homme. « J’adore la navigation et la voile, mais ce que j’aime par dessus tout, à bord, c’est l’ambiance exceptionnelle et l’esprit d’équipe » . S’il a toujours navigué sur le voilier de ses parents, il a décidé de franchir le cap et de passer son CMP (Certificat de Matelot Pont) afin de pouvoir naviguer sur n’importe quel bateau en tant que professionnel.

Les gabiers en sont sûrs, les différentes nationalités qui composent l’équipage sont un atout pour Camille, gabière française de 26 ans et surnommée ‘le petit soleil’ de l’équipage, le plus c’est la confiance : « Ici, on challenge. Comme aujourd’hui où on a osé entrer dans le port de Calais à la voile. C’est quelque chose de très rare. On nous fait confiance, même si on n’est pas forcément formés et expérimentés. » Camille est, elle aussi, montée à bord à La Rochelle. Ce qu’elle adore avec le Shtandart c’est qu’il navigue toujours et à bord « on apprend toujours. Même les matelots qui sont là depuis plus de 20 ans apprennent toujours j’en suis sûre. »
Le Shtandart, comme la plupart des bateaux historiques et bateaux musées, vivent principalement des rencontres et autres festivals maritimes. En ces temps d’épidémie, la plupart des événements, si ce n’est tous, ont été annulés. Un manque à gagner important. Mais pas d’inquiétude du côté du Capitaine Vladimir Martous (voir encadré) : « Il faut rester positif durant ces temps étranges. Je ne me fais pas trop de soucis, on trouvera une solution. »



Le bateau est resté 47 jours en confinement à Castellón de la Plana, près de Valence en Espagne. « On est resté bloqué en Méditerranée, les ports des différents pays fermaient petit à petit. On a fait l’Italie, la Grèce et Malte, avant de retourner en Espagne. Là-bas on est restés à quai une quarantaine de jours », explique le Capitaine.

Le Shtandart à travers les siècles

     

   
     
Le Shtandart est une réplique d’une frégate du XVIII e siècle. Historiquement, le navire d’origine fut commandé par le tsar
Pierre 1 er lui-même, plus connu sous le nom de Pierre le Grand. Il était alors le navire amiral, la monture de l’officier de marine le plus gradé, le yacht personnel du tsar. Son rôle : protéger la ville de Saint-Pétersbourg et les côtes russes des rivaux suédois. Il devient rapidement le symbole de la flotte russe. Son nom ‘Shtandart’ signifie ‘étendard’ en français. Il évoque l’ouverture de la nouvelle voie commerciale maritime à travers la mer Baltique. L’année de sa commande, en 1703, le tsar a changé son étendard pour ajouter cette quatrième mer sur la carte. Pour rendre honneur à ce nouvel étendard, le premier vaisseau de la flotte reçoit alors le nom de Shtandart.

À l’époque, la construction navale n’était pas très développée au sein de l’empire russe. Pour apprendre et offrir ses connaissances au service de sa patrie, le tsar lui-même part pour les Pays-Bas et l’Angleterre où il étudie les bases de la science de la construction des bateaux, bien plus développée dans ces pays-là. Le tsar a même travaillé pendant 6 mois en tant que charpentier lors de son périple aux Pays-Bas !
Presque trois siècles plus tard, en 1990, germe une idée dans la tête de Vladimir Martous, actuel capitaine : un projet de reconstruction du Shtantard. Aucun plan d’origine n’a été conservé, des recherches historiques sont alors lancées. Sa quille (la reconnaissance officielle du début de la construction d’un navire) est posée en 1994 à Saint-Pétersbourg sur les rives de Neva. Durant six années, le navire prend vie petit à petit. Ce sont des volontaires qui œuvrent et se relaient à la construction du navire dans le cadre d’un projet qui consiste à former les jeunes Russes à la construction navale en bois. En 1998, l’œuvre est mise à l’eau.
« Je suis heureux de revenir à Calais »  
Quelle est votre histoire avec le navireShtandart ?

« Nous sommes trois à avoir eu l’idée de lancer le projet de reconstruction du Shtandart dans les années 1990. Nous avons réussi a le construire en 6 ans. Il avait fallu 6 mois au tsar pour le mettre à l’eau au XVIII e siècle. Nous étions seulement un petit groupe d’une dizaine de bénévoles, dont certains qui n’y connaissent pas grand chose en navigation ou en construction. Le faire sans gage d’argent a donné vie de la meilleure façon qu’il soit à ce navire. Depuis, je ne le quitte presque plus. J’essaie de prendre du recul, de laisser plus de lest à mon second, mais c’est difficile. Ce bateau est un peu comme mon enfant. »

Comment s’est déroulée la navigation depuis La Rochelle ?

« Après avoir eu pas mal de temps à quai avec le confinement, cela faisait du bien de naviguer. Tout s’est très bien passé, sur une belle mer. On est arrivés calmement à Calais, comme un ange. Ces derniers kilomètres étaient très agréables. »

Quel est votre rapport à la Côte d’Opale et à Calais ?

« Je suis toujours très heureux de revenir à Calais. C’est la troisième fois et nous sommes toujours très bien accueillis. Je suis quand même déçu qu’il n’y ait pas de fête maritime. »





À l’intérieur du navire.



L’intérieur du navire est refait, presque, comme à l’origine. Il est assez exiguë. Une bonne partie de l’équipage dort dans des hamacs. Le capitaine et les seconds, et quelques chanceux, ont des couchettes un peu plus confortables.

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