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Cet été, L'Express revisite les faits divers qui ont marqué le monde. Telle l'affaire Cornelius Gurlitt. Le collectionneur allemand vivait seul, dans un appartement de Munich où s'entassaient par centaines les toiles de maîtres amassées par son père sous le régime nazi.
Sans ces maudits douaniers allemands, Cornelius Gurlitt aurait fini sa vie comme il le souhaitait : reclus dans son appartement munichois, seul avec ses chers tableaux. Le sort en a voulu autrement. Un jour de septembre 2010, à bord du train qui relie Zurich à Munich, les gabelous soupçonneux pressent de questions un frêle septuagénaire au doux visage. Pourquoi transporte-t-il 9000 euros en liquide? Où va-t-il? D'où vient-il?
Ils peinent à y croire: l'homme au coeur fragile est un fantôme. A 77 ans, il n'a jamais travaillé, est inconnu des organismes sociaux et ne touche pas un sou de retraite. Ce qui ne l'empêche pas d'habiter un appartement de 100 mètres carrés, au numéro un de la verdoyante place Artur-Kutscher, dans un joli quartier de Munich.
La justice, qui soupçonne Gurlitt de gruger le fisc depuis des décennies, ouvre une enquête. Le 28 février 2012, une escouade de douaniers et de magistrats munis d'un mandat de perquisition fait irruption dans son antre. Là, les visiteurs ébahis découvrent des centaines de peintures, de croquis et de dessins signés Canaletto, Matisse, Chagall, Picasso, Toulouse-Lautrec, Otto Dix ou Delacroix - 1280 au total.
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Certains ornent les murs de l'appartement, d'autres dorment au fond des placards ou des armoires. Le maître des lieux est effondré. Cette collection inestimable, c'est sa raison d'être, la prunelle de ses yeux. "Dans ma vie, je n'ai rien aimé davantage que mes tableaux", confiera-t-il au magazine Der Spiegel, en 2013.
Nul ne le sait alors, mais Gurlitt dissimule encore une partie de son trésor. Il ne le révélera qu'en février 2014 : 238 oeuvres sont entreposées dans la petite maison qu'il possède à Salzburg, en Autriche. Il veut les "mettre à l'abri des cambrioleurs", selon ses avocats. Parmi ces merveilles, figurent des toiles de Monet, Corot, Manet, Courbet, Pissaro, Cézanne, Renor, Gauguin et de Nolde, des dessins de Picasso et d'Edvard Munch, mais aussi des sculptures de Rodin et des plats précieux en argent, bronze ou céramique. Au total, entre Munich et Salzburg, l'incroyable collection compte donc près de 1650 pièces!
Pusillanime, introverti et timide
Cornelius a-t-il enfin révélé tous ses secrets? Loin de là. Quatre mois après son décès survenu le 6 mai 2014, les enquêteurs dénichent dans son appartement plusieurs oeuvres si bien cachées qu'elles leur ont échappé lors de la première perquisition... Dont un tableau de Monet, Paysage du soir, dissimulé au fond de la valise que l'incorrigible vieillard avait emportée à l'hôpital où il se remettait, au début de 2014, d'une intervention cardiaque!
Certes, Gurlitt, la mort dans l'âme, se défait parfois d'un dessin ou d'une toile pour subvenir à ses besoins et payer ses frais médicaux. Comme cette gouache de l'artiste allemand Max Beckmann, Le Dompteur de lion, cédée en septembre 1011, à l'occasion d'une vente aux enchères organisée à Cologne. Il a partagé le produit de la vente - 725000 euros - avec les héritiers du précédent propriétaire, le galeriste attitré de Beckmann.
Le 2 mars 2012, après un long et minutieux inventaire, les douaniers repartent avec les trésors de Cornelius. Face aux murs désormais vides de son appartement, le vieil homme ressasse sa culpabilité. Il n'a pas pu, pas su préserver l'héritage de son père, Hildebrand Gurlitt. Drôle de personnage que ce célèbre galériste et marchand d'art... Ostracisé par les nazis pour cause de vagues origines juives, amoureux de cet art moderne qu'eux vomissent et qualifient de "dégénéré", Gurlitt senior fera pourtant de fructueuses affaires avec le régime national-socialiste, achetant et revendant tableaux et autres oeuvres d'art - tout en prenant soin d'en garder certains pour lui.
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Photo fournie par le groupe "Art Recovery" de l'avocat Christopher Marinello examinant l'oeuvre de Matisse "Femme Assise", qui va être restituée à la famille Rosenberg.
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Au gré des vicissitudes de la guerre, il déménage sa famille et sa précieuse collection de Hambourg à Dresde, puis les met à l'abri des bombardements alliés et des chars russes dans un château de Franconie, une région de bâtisses médiévales et d'épaisses forêts au nord de la Bavière.
Hildebrand Gurlitt décède en 1956, son épouse Cornelia, une ancienne danseuse connue sous le nom de "Bambula", douze ans plus tard. Cornelius ressemble bien peu à ce père qu'il vénérait tant. Autant Gurlitt senior était entreprenant, volontaire et énergique, autant le fils est pusillanime, introverti et timide. Pour faire plaisir à son géniteur, il a brièvement étudié l'histoire de l'art, tâté de la musique et de la philosophie. Mais il n'a jamais quitté le giron familial. A la mort de sa mère, il a 35 ans, pas de métier, pas de femme, ni d'enfants.
Le voilà seul avec les joyaux paternels. Veiller sur ces prodiges de toile et de papier devient alors son unique but, sa seule raison de vivre. Peu à peu, le temps s'arrête au 1, Artur-Kutscher Platz. Cornelius ne voit personne, ne regarde pas la télévision, préfère écrire plutôt que téléphoner. Ses tableaux suffisent à son bonheur. Il leur parle, avoue-t-il au Spiegel. Ou plutôt, il leur parlait avant que la justice ne les saisisse.
Dévoilée en novembre 2013 par le magazine allemand Focus sous le titre "Le trésor nazi", l'affaire Gurlitt réveille de mauvais souvenirs outre-Rhin. Car des centaines de pièces en la possession du septuagénaire pourraient avoir été extorquées ou volées à des familles juives par les sbires du Troisième Reich, avant d'être acquises par son père Hildebrand.
En avril 2014, Gurlitt et ses avocats trouvent un accord avec le gouvernement allemand et les autorités bavaroises : s'il est prouvé dans un délai d'un an que certaines oeuvres ont été soustraites à leurs propriétaires juifs, elles seront retournées à leurs ayant-droits. En contrepartie de sa bonne volonté, la justice accepte de restituer au vieil homme sa collection bien-aimée. Trop tard: quatre semaines plus tard, il rend l'âme dans son appartement munichois. Sans avoir pu poser les yeux, une dernière fois, sur la passion de sa vie.
Un héritage encombrant
Son testament recèle une ultime surprise : le célibataire endurci lègue l'intégralité de son fabuleux trésor au musée des Beaux-Arts de Berne, en Suisse. Celui-ci, bien embarrassé, n'a pas encore fait savoir s'il acceptait cet héritage encombrant. Uta Werner, 86 ans, une cousine du défunt, n'a pas les mêmes scrupules. Sous prétexte que son parent aurait souffert d'"obsessions paranoïaques", elle s'oppose au legs et réclame la succession. Déboutée en première instance par un tribunal de Munich, l'entêtée a aussitôt fait appel de ce jugement.
Depuis le décès de Gurlitt, deux tableaux ont retrouvé leurs propriétaires. La Femme assise, de Matisse, a repris le chemin de Paris où l'attendaient les héritiers du galeriste Paul Rosenberg - dont la journaliste Anne Saint-Clair, sa petite-fille. Quant à l'Américain David Toren, il a pu admirer, de nouveau, les Deux cavaliers à la plage, du peintre allemand Max Liebermann. Il avait vu cette toile pour la dernière fois en Allemagne, le 9 novembre 1938, dans la villa de son grand-oncle David Friedmann. Le jour où celui-ci avait dû céder tous ses biens, par écrit, aux nazis...
Un train nazi rempli d'or aurait été retrouvé en Pologne
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Par Céline Revel-Dumas Mis à jour le 20/08/2015 à 23:10 Publié le 20/08/2015 à 18:43
Le train qu'affirment avoir retrouvé les chasseurs de trésors serait rempli d'or.
Depuis 70 ans, les rumeurs de cette région en Pologne évoquaient l'existence d'un train rempli de joyaux, d'or et d'armes. Depuis la semaine dernière, deux chasseurs de trésors affirment l'avoir retrouvé.
Une rame entière remplie d'or, de pierres précieuses et d'armes. C'est le trésor qu'affirment avoir mis au jour la semaine dernière deux hommes, l'un Allemand, l'autre Polonais, près de la ville polonaise de Wroclaw, rapporte ce mercredi la BBC. La rame, blindée, de 150 mètres de long, daterait de la Seconde Guerre mondiale et aurait été cachée par les nazis, redoutant l'arrivée des troupes russes en 1945 dans la région. «On estime que le train aurait disparu près de ce qui est aujourd'hui la cité polonaise de Wroclaw, alors que les troupes soviétiques se rapprochaient en 1945», raconte la BBC.
«Nous avons reçu une lettre d'un bureau d'avocat représentant deux hommes qui déclarent avoir identifié l'endroit où gît une rame d'un train, probablement blindé», a indiqué Arkadiusz Grudzien, le porte-parole de la mairie de Walbrzych, le chef-lieu de la région. «Ce sont des gens sérieux (...). Ce qu'ils ont présenté lors de notre entretien m'encourage à considérer cette affaire comme très crédible», a déclaré Maître Jaroslaw Chmielewski dans un entretien avec le site Onet.pl, sans dévoiler l'identité de ses clients.
Une légende tenace
La légende ne date pas d'hier. Selon d'anciennes rumeurs relayées depuis 70 ans, un train aurait disparu entre Wroclaw, alors ville allemande nommée Breslau, et Walbrzych, située aujourd'hui tout près de la frontière tchèque. Certains médias locaux évoquent même un butin réunissant 300 tonnes d'or, de bijoux, d'argent et de matériaux dangereux. Les on-dit révèlent même que les traces de ce train s'arrêteraient près du château de Ksiaz, à trois kilomètres seulement du cabinet d'avocats où les deux chasseurs de trésor professionnels sont allés déclarer leur découverte.
Plusieurs légendes règnent autour de mystérieuses galeries près de Walbrzych. Selon certains, des trésors du Troisième Reich seraient dissimulés dans un énorme chantier nazi allemand de constructions souterraines, connues sous le nom de code Riese (Géant). Des galeries qui éveillent l'intérêt des touristes comme des chercheurs d'or.
Alors que les deux hommes réclament déjà 10% de la valeur des trésors retrouvés pour révéler le lieu de la découverte, à Walbrzytz, la population reste dubitative et le maire de la ville, Roman Szelemej, sceptique, rapporte la BBC: «Des avocats, l'armée, la police et la brigade des pompiers s'en occupent», a-t-il déclaré avant d'ajouter que «la zone n'a pas été fouillée par le passé et nous ne savons pas ce que nous pourrions trouver». L'enjeu est considérable: selon une membre du conseil municipal de Walbrzytz, Marika Tokarska, interrogée par CNN, les deux chercheurs d'or affirment que la valeur du trésor pourrait atteindre «bien plus d'un million de dollars».
Peu de crédibilité historique
«Beaucoup de monde a déjà cherché ce train, abîmant les lignes au passage, mais on n'a jamais rien trouvé», a expliqué Johanna Laparska, historienne de la région à la Radio Wroclaw, un autre média local. «Mais la légende a attisé l'imagination», a-t-elle ajouté, avant de préciser qu'il aurait pu être pris au piège d'un tunnel désormais inaccessible. «Jusque-là aucun document prouvant l'existence de ce train n'a a été mis au jour», a-t-elle-ajouté dubitative. Ceux qui croient en l'existence de ce train fantôme affirment qu'il aurait été soigneusement dissimulé par les nazis dans un tunnel creusé à cet effet, afin de protéger son contenu, qui pourrait révéler documents secrets et autres richesses volées aux musées et aux familles juives pendant la Seconde Guerre mondiale.
«Je n'y crois pas, cette prétendue découverte ne correspond à rien historiquement. Les juifs polonais ont été assassinés en 1942. Les nazis n'auraient pas attendu trois ans pour piller leurs richesses», explique Jean-Marc Dreyfus, historien et professeur à l'Université de Manchester. «D'autres histoires existent, documents à l'appui», explique l'historien. «Le train d'or hongrois était lui rempli des objets spoliés aux familles juives de Budapest. Il a été pillé à chacune de ses étapes, arrivant presque vide à son terminus, situé dans la zone d'occupation française en Autriche». «En 1944, c'est cette fois un «train des oeuvres d'art» qui est chargé de tableaux par les nazis à Bobigny», raconte l'historien. C'est la résistance qui l'arrêtera. Quant au train qui aurait été découvert en Pologne, Jean-Marc Dreyfus reste ouvert: «Bien que ce soit peu vraisemblable, tout est possible ; désormais j'attends des photographies».
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