Par peur d’un Brexit sans accord, des Britanniques font des réserves.
Alors que la date limite approche, l’accord sur le Brexit n’a toujours pas été finalisé. Certains Britanniques s’inquiètent et craignent qu’une sortie brutale entraîne des pénuries. Ils font donc des réserves. Les particuliers ne sont pas les seuls à se préparer à cette éventualité. Les entrepôts seraient eux aussi plein à craquer.
Dans un peu plus de deux mois, le Royaume-Uni doit officiellement sortir de l’Union européenne. Mais l’accord sur le Brexit, conclu entre la Première ministre britannique Theresa May et les dirigeants européens, vient d’être rejeté par les députés britanniques. Le scénario d’un retrait sans accord, le no deal Brexit, devient de plus en plus probable. Certains Britanniques s’inquiètent et craignent des pénuries.
Survivre à l’apocalypse du Brexit.
Depuis quelques semaines, voire quelques mois, ils se préparent aux répercussions d’une sortie brutale de l’union douanière et du marché commun. Conscient de cette angoisse, l’entreprise privée Emergency Food Storage UK, qui vend de la nourriture lyophilisée à des gens qui se préparent à un coup dur, une expédition ou encore, l’apocalypse, a lancé une boîte spéciale pour se préparer au Brexit.
La Brexit box permet de tenir jusqu’à trente jours en cas de pénurie totale. Elle contient des plats cuisinés (ragoût de bœuf, poulet tikka…) déshydratés d’une durée de conservation de 25 ans, un allume-feu et des bouteilles d’eau, même si « l’eau ne sera pas un problème », reconnaît James Blake, le responsable des ventes. Selon lui, l’entreprise vend plus de boîtes qu’elle ne l’avait espéré, entre 20 et 25 par jour.
Emergency Food Storage UK prépare une boîte spéciale Brexit. (Photo : Emergency Food Storage UK)
Interrogée par la BBC, Lynda Mayall, une Britannique de 61 ans, explique pourquoi elle a acheté une des boîtes. « Ce n’est pas le Brexit qui m’inquiète, c’est les répercussions. J’ai le sentiment que ça va être un peu le bazar les six premiers mois jusqu’à ce que les problèmes de frontière soient réglés, explique-t-elle. Pour moi, c’est important d’avoir des réserves. Dans le passé, j’ai pu compter sur mes réserves de nourriture pour moi et mes enfants, parce que je n’avais plus de revenus. Peu importe si mon inquiétude est excessive.
Ces produits durent 25 ans, ils ne risquent pas de périmer et cela signifie que j’ai quelque chose en cas de période difficile », dit-elle.
À 295 livres (plus de 330 €) la boîte, la préparation au Brexit est un business lucratif. L’entreprise n’est-elle pas accusée de se faire de l’argent sur le dos des Britanniques angoissés ? « C’est une fausse accusation, car nous faisons un prix sur les boîtes. Vendus séparément, les produits coûteraient en tout 384 livres, assure James Blake. Ce que nous voulons, c’est aider les gens à se préparer et à prendre des responsabilités. Autrefois, nous stockions beaucoup plus de nourriture, alors qu’aujourd’hui, on se nourrit au jour le jour, on dépend des supermarchés. S’il y a des pénuries, la majorité des gens ne seront pas près », croit-il savoir. Il conseille donc aux Britanniques de faire des réserves.
Des pâtes, des conserves et des croquettes.
Certains le font déjà, de leur côté. Sur Facebook, le groupe fermé « 48 % Preppers », les « 48 % qui se préparent » (en référence au pourcentage de Britanniques qui ont voté pour rester dans l’Union européenne lors du référendum du 23 juin 2016), échangent sur leurs inquiétudes et leurs astuces pour stocker des denrées alimentaires non périssables, de la nourriture pour animaux, des médicaments, des produits ménagers, etc. Le groupe compte aujourd’hui plus de 5 000 membres.
Jo Elgarf, l’une des modératrices du groupe, raconte au journal britannique The Guardian que ses placards sont remplis de pâtes, de riz, de sauces, de riz en poudre et de conserves de légumes. En temps normal, elle consomme des légumes frais. Au pire, si elle ne les utilise pas, elle les donnera à une banque alimentaire, mais elle préfère se préparer.
Cependant, ce qui l’inquiète le plus, c’est une éventuelle pénurie de médicaments. Sa fille de quatre ans, Nora, souffre de polymicrogyrie, une anomalie du système neurologique. Elle prend quotidiennement un traitement contre l’épilepsie, l’Epilim et le Keppra. Ces deux médicaments sont importés. Les pharmaciens et les médecins ont dit à cette mère que famille que « ça devrait aller », mais elle n’est pas rassurée. « Nous avons besoin d’être sûrs qu’ils ont un plan pour les personnes qui dépendent des médicaments », dit-elle au Guardian.
Plus de place dans les entrepôts.
Ces particuliers s’alarment-ils pour rien ? Ils ne sont pas les seuls à se préparer aux répercussions d’un scénario catastrophe. Les entreprises, aussi, renflouent leurs réserves. En novembre dernier, Ian Wright, le responsable de la Food and Drink Federation, l’organisation qui représente l’industrie de la nourriture et de la boisson britannique, a prévenu le gouvernement que les entrepôts qui stockent des produits réfrigérés et congelés étaient pleins. Certains entrepôts chercheraient même à s’agrandir pour répondre à toutes les demandes des petits magasins et supermarchés.
Le gouvernement, s’il n’est pas alarmiste, se prépare également. En septembre dernier, il a nommé un secrétaire d’État chargé de l’approvisionnement en nourriture.
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