Chez Tebinfea

Chez Tebinfea
Optimisé pour Firefox

mardi 30 2020

La frégate Sthandart à CALAIS.




De vigoureuses bourrasques soufflent sur le bassin Carnot, renversant les barrières qui balisent le chemin jusqu’à la frégate Sthandart.

Les membres de la FRCPM, qui accueillent les visiteurs, commencent à se lasser de les redresser face aux assauts du vent… Dans le carré arrière de la frégate, le capitaine Vladimir Martus jette un coup d’œil sur l’horizon couvert du port de Calais et savoure sa chance d’être à quai plutôt qu’au large…


Le capitaine Vladimir Martus

L’héritage flottant de Pierre le grand.

Le carré de la frégate est un endroit plutôt étrange, où les outils de navigation modernes sont enchâssés au milieu du vieux bois laqué à l’ancienne, des tableaux champêtres et des devises inscrites en cyrillique. Vladimir Martus a conçu le rêve un peu fou de bâtir une réplique du Shtandart au début des années 1990. Marin né -il a pris la mer à quatorze ans et n’a jamais cessé depuis- ingénieur naval de formation, il a passé trois ans enterré dans les archives pour réunir le plus de documentation sur le bateau, et, presque aussi important, sur le tsar de l’époque, Pierre le Grand : « Il voulait que le navire soit construit le plus vite possible, alors ils ont pris du bois trop jeune. Il a fallu le rénover complètement au bout de six ans… C’était un jeune tsar, impatient, mais il voulait vraiment faire entrer la Russie dans l’Europe et la modernité, plus que faire des conquêtes territoriales… »

« On veut montrer que la marine à voile reste intéressante, efficace, écologique… et valable commercialement. »

Naturellement, Vladimir n’a pas fait la même erreur et il obtient exceptionnellement de couper une soixantaine de mélèzes dans une forêt protégée. Pour le reste il mettra un point d’honneur, avec quelques passionnés aussi givrés que lui, à respecter les techniques et l’outillage d’époque. Le tout, au début, sur leurs propres deniers… « Peu croyaient qu’on arriverait au bout, au début. La coque était déjà bien avancée quand on a eu la visite de notre premier mécène…

Après ça, le sponsoring a vraiment commencé à décoller. »

Le chantier prend rapidement une tournure pédagogique, avec de nombreux jeunes en formation dans la charpenterie de marine ou la navigation à voile. Depuis, il navigue comme navire école et ambassadeur de la Russie, se prête à l’occasion à des films historiques. « En temps normal, on navigue non-stop, avec six semaines par an maximum de maintenance… » Le Shtandart naviguait en Méditerranée quand la pandémie de covid-19 a commencé à faire fermer les ports un par un…

« En plus, quand l’épidémie s’est déclarée, on était au large des pays les plus touchés d’Europe : Grèce, mais surtout Italie, c’est allé très vite. Alors on faisait de courtes escales pour ne pas se retrouver bloqués ! Finalement c’est à Castiglione qu’on a dû rester confinés à quai pendant 47 jours. Ça nous a paru long, surtout qu’on ne pouvait même pas descendre en ville ! Mais bon, on en a profité pour faire la maintenance… »

D’un rêve à l’autre.

Après son escale calaisienne -

en une demi-journée, et malgré une météo capricieuse, près de 600 Calaisiens avaient visité le bateau- il repartira vers sa prochaine escale, Amsterdam.

Vladimir Martus, lui, médite déjà le rêve d’après : reproduire le Cutty Sark, un voilier Écossais capable de transporter 1000 tonnes de fret . « C’est un navire qui transportait du thé entre la Chine et l’Europe. Si je souhaite le reproduire, ce n’est pas pour le fun. On veut montrer que la marine à voile reste intéressante, efficace, écologique… et valable commercialement.

Il aura une coque composite en métal et en bois. Je suis persuadé qu’à l’avenir, des transporteurs pourraient accepter de payer un petit extra pour transporter propre. »

Les Calaisiens qui voient quotidiennement défiler cargos et pétroliers dans le détroit du Pas-de-Calais seront sans doute tentés de le traiter de doux dingue. Mais bon, c’est déjà ce que disaient ses voisins de Saint-Petersbourg il y a trente ans…


Blasons.
 



Le château arrière du Shtandart raconte bien des histoires. Au centre, l’emblème de la marine impériale avec les quatre mers (Caspienne, Noire, Azov, Baltique) où elle devait opérer en priorité. En dessous, à côté des fenêtres, deux saints sont représentés: Saint André et Saint Nicolas. A droite du blason, Neptune désigne la mer Baltique. A gauche, le dragon vert peut être interprété de deux façons: soit comme représentation des adversaires de la marine russe (Suédois principalement) soit comme symbole de l’alcoolisme -toute consommation d’alcool étant interdite à bord...

Aucun commentaire: